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CESTAS. --
L'entreprise de télécommunications aux prises avec une baisse sensible de son activité
Com One dépose son bilan

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Télécommunications.
Com One, c'est une aventure de seize ans pour Jacques Saubade et son entreprise
PHOTO ARCHIVES PHILIPPE TARIS
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Mauvaise nouvelle pour l'économie girondine : Com One est en cessation
de paiements : le conseil d'administration de l'entreprise de Cestas,
spécialisée dans les équipements de télécommunications, s'est résigné
la semaine dernière au dépôt de bilan. Le Tribunal de commerce de
Bordeaux décidera cette semaine du destin de la société, dont les
dirigeants souhaitent qu'elle puisse bénéficier d'une procédure de
redressement judiciaire, lui permettant de poursuivre son activité. Les
difficultés de cette entreprise de matière grise, qui confie l'ensemble
de ses fabrications à des sous-traitants, menacent l'emploi de
quarante-sept salariés. Ces
graves vicissitudes constituent le chapitre à ce jour le plus
dramatique d'une histoire de seize ans, où les exploits commerciaux et
technologiques ont alterné avec les échecs. Dans une large mesure,
cette aventure industrielle se confond avec celle du cofondateur et
principal actionnaire Jacques Saubade. Ce dernier vient de prendre sa
retraite dans un contexte qui tranche avec l'allégresse trépidante des
débuts de Com One
Audace et chance.
Jacques Saubade,
ancien ingénieur de France Télécoms, alors associé à son compère Michel
Petit, avait eu de l'audace et de la chance, en lançant dès la fin des
années 80 des modems miniaturisés permettant de connecter à peu de
frais des micro-ordinateurs à un réseau téléphonique classique. A
l'époque, c'était un progrès considérable, qui allait contribuer à
ouvrir la route d'Internet aux particuliers et aux entreprises. Le
génie déployé par Com One en matière de miniaturisation et
d'intégration des composants de télécommunications devait lui valoir de
décrocher des marchés auprès des plus grands noms mondiaux de
l'informatique (IBM, Apple, Toshiba, etc.). Très tôt bénéficiaire grâce
à ces contrats, Com One, introduite en Bourse dès 1991, devenait une
star de ce qu'on appellera plus tard la nouvelle économie. Dans
cet univers industriel, rien n'est jamais acquis pour longtemps. Pour
s'adapter à des technologies en renouvellement constant, Com One a dû
innover à jet continu : Tout en réduisant sans cesse la taille de ses
cartes, la société de Cestas s'est lancée sur le marché des modems
adaptés aux terminaux mobiles (assistants personnels, téléphones
portables, etc.), et des décodeurs.
Vague Internet.
Mais, dans un
contexte de baisse des prix perpétuelle, cette capacité d'adaptation ne
suffisait pas à lui assurer des marges suffisantes. La société a donc
cherché à surfer sur la vague Internet en lançant successivement deux
terminaux permettant d'accéder au réseau, sans le secours d'un PC. Mais
le Domo TV, qui permettait de se connecter au Net par le biais d'un
simple poste de télévision, n'est jamais parvenu à décoller
commercialement. Quant à l'@max, sorte de Superminitel, il n'a, pas,
lui non plus, rencontré le succès escompté.
Pendant toutes ces années, Jacques Saubade, entrepreneur dans l'âme
s'est battu avec opiniâtreté pour sauvegarder Com One des pièges d'un
marché que les soubresauts d'Internet ont rendu encore plus
impitoyable. Les sautes d'humeur de ce géant jovial et colérique, n'ont
pas toujours facilité la vie de ses collaborateurs les plus proches. La
vie de Com One a été marquée par quelques dures séparations, avec son
ancien associé puis avec des cadres de haut niveau. Mais, au milieu de
l'adversité, cet homme imaginatif, gourmand, généreux et têtu, a fait
l'impossible pour éviter l'issue à laquelle se trouve aujourd'hui
confrontée son entreprise.
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