Extraits du magazine L'Humanité Dimanche du 28 avril au 4 mai 2011


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SOCIAL / FRANCE

Plus ils défendent les salariés et plus ils se font casser...

Les affaires de répression syndicale se multiplient, au mépris de la « Déclaration des droits de l'homme.


Fabien a été viré. Morad est sans salaire depuis un mois. Les responsables hiérarchiques de Gilles lui mettent sanction sur sanction. Leur tort ? Défendre les salariés. Depuis la fin du conflit des retraites, les affaires de ce genre pleuvent. Harcèlement, répression s'abattent sur des dizaines et des dizaines de syndicalistes, parfois traités en criminels pour avoir exercé un droit universel, inscrit dans la Déclaration des Un scandale qui en dit long sur le climat actuel et sur lequel le gouvernement entretient un silence coupable.


Toute personne a le droit de fonder avec d'autres des syndicats et de s'affilier à des syndicats pour la défense de ses intérêts », proclame l'article 23 de la « Déclaration universelle des droits de l'homme ». Un principe bafoué au quotidien, dans le silence et l'impunité presque totale. Les syndicalistes dont « l'HD » dresse le portrait ci-après ne sont que quelques exemples de ces centaines de travailleurs à travers le pays qui ont à se battre quotidiennement pour faire valoir leurs simples droits à défendre les salariés. Chaque semaine dans nos colonnes, ils témoignent des procédures que leurs patrons les contraignent à subir, des grands et petits empêchements auxquels ils ont à faire face. Morad, agent de sécurité dans le Sud-Est, explique ainsi comment, dès qu'il a connu son engagement syndical, son patron, responsable départemental du MEDEF, s'est amusé à lui changer régulièrement ses plannings au dernier moment, tentant de lui rendre la vie impossible.


22 • HD ■ 28 avril au 4 mai 2011

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Depuis un mois, il est sans salaire, sans que le même patron ne trouve quoi plaider pour obtenir son licenciement. « Les Français sont très attachés au syndicalisme, écrivait Nicolas Sarkozy dans une tribune publiée par "le Monde" en avril 2008. Mais ils veulent des syndicats forts et responsables. Forts, pour que leurs intérêts soient défendus. Responsables, pour qu'on ne s'arrête pas à l'affrontement stérile, caricatural, idéologique, mais qu'on trouve des solutions concrètes à leurs problèmes quotidiens. » Que de belles formules... Quatre mois après avoir rédigé ces lignes, le même président de la République donnait l'exemple en faisant passer, par le biais de la loi sur la représentativité syndicale discutée avec les syndicats, la possibilité de renégocier, entreprise par entreprise, la durée légale du temps de travail. Une mesure toute « idéologique »: peu d'entreprises y ont recours. Il s'agissait surtout de faire plaisir aux tenants du patronat qui figuraient en nombre à la soirée


À la question: « Pourquoi ne vous syndiquez-vous pas ? », 39% des Français répondent: « Parce que nous avons peur des représailles patronales » (TNS-SOFRES).


inaugurale du mandat de Nicolas Sarkozy, au Fouquet's. Un an avant ce coup de poignard dans le dos, le même Nicolas Sarkozy avait d'ailleurs provoqué les cheminots, faisant rire dans les couloirs du MEDEF en affirmant que « désormais, quand il y a une grève en France, personne ne s'en aperçoit ». Affirmation d'ailleurs démentie par Nicolas Sarkozy lui-même qui, en visite au Havre le 21 avril dernier philosophait ainsi: « On a une réputation en France: on est intelligents (sic), un pays avec un cadre de vie extraordinaire, où il fait bon vivre (mais) les conflits sociaux, les paralysies, les lourdeurs administratives, ça nous fait un mal considérable. » En ligne de mire: les dockers de la ville (et d'autres ports français) qui réclament depuis 2 ans que la pénibilité de leur travail soit reconnue. « Ça nous fait un mal considérable », dit celui qui ne s'apercevait de rien 3 ans auparavant !

En réalité, ce que voit le président de la République, ce sont surtout les grèves dans des secteurs fortement syndiqués: cheminots, dockers, fonctionnaires. Pas besoin de se lamenter sur le faible taux de syndicalisation si c'est pour taper sur ceux qui le sont. Que dit le président du fait qu'à la question « Pourquoi ne vous syndiquez-vous pas ? », les sondés répondent invariablement: « Parce que nous avons peur des représailles patronales»? 39 % des personnes interrogées par l'institut TNS-SOFRES en décembre 2010 donnaient encore cette explication. Et les témoignages que nous avons réunis ne rassurent pas: de la demande I sèche de licenciement aux | petits harcèlements quotidiens, le syndicaliste n'est | pas un « partenaire » dans de nombreuses entreprises, c'est une cible. Petits harcèlements ou dénigrement quotidiens... le petit chef qui rigole: « Mais toi, tu trouves toujours quelque chose à redire » ou le DRH qui ne voit pas, « en toute bonne pourquoi les salariés se feraient accompagner par un délégué du personnel en entretien. Ou grandes affaires, comme celle de Dell, condamnée en appel à 90 000 euros d'amende pour « concomitance évidente entre les sanctions et les mandats syndicaux reconnus à un salarié ». Ou comme l'entreprise américaine Molex qui, moyennant quelques amitiés auprès du ministre Éric Woerth, parvenait à se débarrasser des encombrants délégués CGT qu'elle avait préalablement traités de terroristes. Autant d'affaires qui ne semblent pas suffisamment flagrantes pour que le président qui, en plus du titre de « président du pouvoir d'achat », s'était aussi autoproclamé « défenseur des victimes », s'en émeuve. Victimes, ces salariés organisés ont décidé de ne plus l'être. C'est bien ça que le patronat leur reproche.


VINCENT BORDAS vbordas@humadimanche. fr


Un vigile attaqué par un ponte du MEDEF


MORAD DJELA, DÉLÉGUÉ CGT, AVICA AVIGNON Coupable d'avoir dit bonjour à un supposé voleur ? Soupçonnant des vols dans le magasin dont elle a la charge de la surveillance, l'entreprise Avica a fait visionner les enregistrements vidéo. Et non seulement elle y trouve ce qu'elle y cherchait mais, cerise sur le gâteau, on y voit Morad Djela saluer au passage son collègue, le voleur présumé. Morad Djela, c'est le poil à gratter, celui qui a osé monter un syndicat CGT dans cette entreprise dont le dirigeant est un ponte du MEDEF local. Avec l'ancienne équipe du CE, tout allait bien pour la direction: elle n'avait qu'à donner ses consignes, elles étaient respectées. Avec Morad et son équipe de cégétistes aidés par le syndicat de cheminots d'Avignon, les choses changent: « Le CE doit servir aux œuvres sociales pour les agents, pas à autre chose », dit-il. En réunions de délégués du personnel, (Suite page 24)


Il a soutenu une grève ? Viré !

Fabien Malvaud, SYNDIQUÉ SUD RAIL, SNCF Paris Est


Passé le 21 février devant le conseil de discipline, Fabien Malvaud a radié des cadres. En clair: licencié Malgré les mobilisations de ses collègues et les recours internes, notamment auprès du président. Guillaume Pépy, la direction de la SNCF reste inflexible. Le référé prud'homal, introduit par Fabien, sera jugé en départage (par un magistrat professionnel) le 7 juin. La faute du jeune militant SUD rail ? Son soutien à une grève des remiseurs-dégareurs du Technicentre de Paris-Est, démarrée en décembre 2010. Pendant près d'un mois, ces jeunes cheminots se sont battus pour leurs conditions de travail. Fabien est accusé d'avoir été présent dans un local de travail pendant le conflit-ce qui n'a rien d'extraordinaire pour un militant. Et d'avoir « manipulé une radio de manœuvre ». D'où la supposition d'un de ses chefs, muée en « conviction »: « Il voulait porter atteinte à la sécurité des circulations. » Ben voyons !


Plein la tête depuis 2008 : qu'en dites-vous, monsieur le ministre?

AHMED BERRAZZEL, SYNDIQUÉ CGT, PSAAULNAY

Entré à 18 ans à PSA Aulnay-sous-Bois, Ahmed, le « jeune des cités du 9-3 » est tombé dans la marmite de la CGT. Avec passion, et ça dérange. Ahmed le paie très cher. Depuis fin 2008, les sanctions pleuvent sur lui - il a entamé une action en justice pour faire reconnaître les discriminations dont il est l'objet. Depuis fin octobre 2010, il est menacé de licenciement pour avoir « mal parlé » à un chef. Ahmed est populaire, et ses collègues le soutiennent: débrayages, pétition signée par plus de 1000 ouvriers. Un nouveau meeting devait se dérouler devant l'usine le 28 avril. 66 personnalités (élus, syndicalistes, artistes, chercheurs, tels Robert Guédiguian, Marcel Trillat, Jean-François Kahn, Marie-George Buffet, Emmanuel Terray, Charles Piaget) se sont jointes à un appel pour refuser le sort fait au jeune délégué au CHSCT. Le comité d'entreprise s'est prononcé contre son licenciement. L'inspecteur du travail l'a refusé, mentionnant un lien manifeste » entre son activité syndicale et la sanction qui le frappe. Mais PSA Peugeot Citroën reste sourd et vient de faire appel de cette décision auprès du ministre du Travail, Xavier Bertrand.

28 AVRIL AU 4 MAI 2011 ■ HD - 23

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FRANCE / SOCIAL Répression syndicale

(Suite de la page 23}


Morad demande que les heures supplémentaires soient payées, que les plannings de travail soit respectés, etc. Et il surveille l'organisation des élections professionnelles. «Certains salariés ont fait part d'intimidations, la direction leur indiquait clairement quel candidat choisir et ce n'était pas la CGT », sourit Morad. Avec son équipe, il obtient la représentativité dans l'entreprise et peut continuer son travail de syndicaliste. Mais c'en est trop pour la direction d'Avica, qui met à pied son agent de sécurité. Dans un premier temps, la direction prétexte donc le vol, mais s'aperçoit très vite que l'argument ne tient pas. Puis, elle reproche à Morad d'avoir quitté son poste. « J'ai des notes écrites de la direction qui nous demande de multiplier les rondes dans la zone commerciale », rétorque le syndicaliste. Et, après un mois de mise à pied, Morad ne sait toujours pas ce qui lui est reproché. « Ils veulent me faire craquer », dit-il. Ce qui n'arrivera pas; en quelques années de syndicalisme, Morad a réussi à syndiquer 40 des 160 agents de sécurité d'Avica.


Comment De Fursac tente de lui tailler un costard


ANTONY BLANCHARD, DÉLÉGUÉ CGT AU MAGASIN DE FURSAC DE LILLE (NORD)


« J'ai été frappé par la somme défaits reprochés sur les 2 dernières années, alors que le salarié est présent depuis 7 ans dans l'entreprise. Il y a clairement une volonté de sanctionner son engagement », atteste l'inspecteur du travail (et chroniqueur à « l'HD ») Gérard Filoche, à propos d'Antony Blanchard. Les ennuis, ce responsable d'un magasin de prêt-à-porter de Lille (Nord) les accumule en réalité depuis 2008, quand il a gentiment informé ses responsables hiérarchiques de son intention de solliciter un mandat syndical CGT. Menaces, intimidations, Antony Blanchard fait un temps marche arrière avant de se faire effectivement mandater, en 2009. « Mais la direction a toujours fait de l'obstruction, refusé de répondre à nos demandes diverses », dit-il. En décembre 2010, l'entreprise tente même de le licencier, prétextant une mauvaise gestion de son magasin. « Ils me reprochaient une baisse du chiffre d'affaires de 5 %. Elle était en réalité de 2, 5 % après l'arrivée sur Lille d'un gros concurrent », se défend Antony Blanchard, qui sait bien que les ventes ne sont pas le véritable problème. La demande de licenciement a d'ailleurs été refusée en décembre par l'inspection du travail: Antony Blanchard est « le seul syndicaliste demandant le respect du Code du travail », notait l'inspection. Ce qui n'empêche pas l'enseigne de faire appel auprès du ministère du Travail, qui devra rendre son avis entre le 1er et le 10 mai prochains. Bénéficiaire de 36 % des voix des agents de maîtrise aux élections professionnelles qui se sont tenues en mars dernier, le vendeur syndicaliste est confiant et sûr de son fait.


75 jours de mise à pied, 30 avertissements et c'est lui qu'on accuse de harcèlement !


GILLES DESJARDIN, DÉLÉGUÉ CGT ET VICE-PRÉSIDENT DU COMITÉ DE GROUPE DE RKW (EMBALLAGES, NORD)


« Le mois dernier, alors que j'arrivais pour prendre mon poste, la direction m'a appris que j'étais en procédure de licenciement pour faute grave. Motif: j'aurais harcelé moralement mon chef d'équipe ! En général, le harcèlement va de haut en bas, pas de bas en haut... Heureusement, l'inspection du travail a reconnu que la justification avancée par la direction n'était pas fondée. En ce moment, la CGT est particulièrement dans le collimateur de la boîte, depuis que notre expert-comptable a prouvé des irrégularités dans le calcul de l'intéressement. Mais le harcèlement anti syndical dure depuis des années. Je suis responsable CGT depuis 1991. En tout, j'ai écopé de 75 jours de mise à pied, plus une trentaine d'avertissements. Cela devient insupportable. Tout cela pourquoi ? Parce que jetais du social dans l'entreprise. »

2 • HD ■ 28 avril au 4 mai 2011

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PAGE ÉCONOMIE

4 millions de chômeurs en France... et les patrons peinent à recruter ?


Et voilà qu'on nous rebat encore les oreilles avec les 500 000 offres d'emploi qui ne trouvent pas preneur. Or, ce chiffre ne repose sur aucune étude fiable. Et, à voir les emplois proposés, on peut se demander qui n'a pas le profil : les offres ou les candidats ?


Alors que le chômage est au plus haut, certains employeurs auraient, paraît-il du mal à recruter. Régulièrement, ressort le chiffre qui tue : celui des fameuses offres d'emploi non satisfaites. 250000, 300000, 500000... Qui dit mieux ? En février dernier, lors de son passage sur TF1, Nicolas Sarkozy a donné le «la» pour quelques mois : « Un demi-million d'offres d'emploi non satisfaites et 2, 7 millions de chômeurs (le nombre, à l'époque de demandeurs d'emploi de catégorie A, c'est-à-dire sans aucune activité), pourquoi on ne les rapproche pas ? », s'est-il interrogé. Le bon sens près de chez vous - comme il aime - lourd de sous-entendus tant sur l'efficacité de Pôle emploi que sur la motivation des chômeurs. Problème: ce chiffre, repris en boucle par la droite, ne repose sur aucune étude fiable. La publication, le 5 avril, de la dernière enquête annuelle « Besoins en main-d'œuvre » (BMO), réalisée par Pôle emploi, a donné lieu à de nouvelles lamentations. Sur le site lemonde. fr (18 avril), on souligne ainsi que « 37, 6 % des prévisions d'embauche rencontrent des difficultés de recrutement » et que « 7 employeurs sur 10 évoquent une "pénurie de candidats" alors qu'ils n'étaient que 4 sur 10 en 2010 ». Avec plus de 4 millions de demandeurs d'emploi officiels (y compris ceux qui exercent un petit boulot, mais sans les chômeurs découragés qui ne s'inscrivent même plus à Pôle emploi), cette angoisse de l'employeur face à l'embauche surprend. Le 19 avril, sur France Inter, on


Les candidats à l'embauche manquent de formation ? Faux : seulement 1% des projets de recrutement concernent des postes très qualifiés...


expliquait ce paradoxe par le manque de formation de la main-d'œuvre, ou tout au moins l'inadaptation des formations aux besoins des employeurs. Exemple: les ingénieurs et cadres informatiques. Les employeurs seraient prêts à proposer 28 850 postes, mais estiment qu'ils auront des difficultés de recrutement dans 44,6 % des cas. Ajoutons ce chiffre désespérant de l'enquête BMO: 81,4% des employeurs prévoient que les candidats répondant à leur offre n'auront pas le profil.

Résumons donc. L'enquête BMO nous explique qu'à propos de recrutements qu'ils envisagent de faire - mais qu'ils ne feront pas forcément et en tout cas qu'ils n'ont pas commencé-, les employeurs anticipent les pires galères ! Les statistiques devraient pourtant les rassurer. Le taux d'emplois vacants (nombre d'emplois vacants en pourcentage de la population active) est en France l'un des plus bas d'Europe (0,3 %, contre 1,3 % en moyenne pour l'Union européenne, 1, 4 % pour la zone euro, 1,7 % pour le Royaume-Uni... ). Et s'ils ont vraiment des difficultés à embaucher, les employeurs pourraient peut-être s'interroger sur les emplois proposés. « Les employeurs privilégient des embauches de longue durée », affirme l'enquête BMO. Certes ! Mais en ajoutant aux 45 % de projets en contrat à durée indéterminée (CDI), les 23,2 % de contrats à durée déterminée (CDD) de 6 mois et plus. Lus autrement: 55 % des projets concernent des emplois précaires. Les emplois saisonniers sont pléthore: 97 % des embauches envisagées dans la viticulture, 88 % dans l'agriculture, 72 % dans l'hôtellerie, 68 % dans les cafés et restaurants... Parmi les secteurs affichant le plus de projets de recrutements pointent les plus gros pourvoyeurs de temps partiel (agents d'entretien de locaux, aides ménagères et aides à domicile, employés de maison, personnel de ménage, animateurs socioculturels). Quant au soi-disant manque de formation des candidats à l'embauche, on peut s'en étonner dans la mesure où à peine 7 % des projets concernent des postes très qualifiés, mais environ 40 % des emplois peu ou pas qualifiés. Ou tout au moins considérés comme tels et sous-payés. Plus que les candidats, ce sont peut-être les postes qui n'ont pas le profil.


DOMINIQUE SICOT
dsicot@humadimanche. fr


PROJETS DE RECRUTEMENT EN 2011


1542376 projets au total

Dont

11, 5% d'employés dans l'agriculture, la viticulture, le jardinage, chez les maraîchers,

9 % dans l'entretien ou le ménage (en entreprise ou chez des particuliers).

7, 9% dans les cafés, hôtels, restaurants (serveurs, aides- cuisiniers, cuisiniers, etc. ).

4,25% d'employés de commerce (caissier, vendeur, etc. ).

2, 66% d'ouvriers non qualifiés.

1,18% de conducteurs livreurs,

1,2% d'agents de sécurité, gardiennage.

11,2% d'ouvriers qualifiés.

6% d'agents administratifs.


38 HD ■ 28 avril au 4 mai 2011

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PAGE ÉCONOMIE


+20% DE SALAIRE

20% de plus, ça vous irait? C'est la hausse de la rémunération moyenne des patrons des 200 plus grosses entreprises américaines en 2010. Le revenu moyen de ces patrons atteint 11, 6 millions de dollars (8, 2 millions d'euros). Mais certains font beaucoup mieux: 60, 3 millions d'euros pour Philippe Dauman, le patron de Viacom (+149% en un an).


LE COUP DE BUFFET

Le milliardaire américain Warren Buffet a fait chuter de 72% le bénéfice de Goldman Sachs pour le premier trimestre. Comment ? En percevant un dividende de 1, 64 milliard de dollars (1, 17 milliard d'euros) sur des actions préférentielles. En septembre 2008, en pleine crise financière, il avait souscrit l'équivalent de 3, 6 milliards d'euros de ces actions, assorties d'un dividende de 10%, pour contribuer à restaurer la confiance des « marchés » - plutôt amochée - envers la banque d'affaires.

5 MILLIARDS EVAPORES ET PERSONNE N'A RIEN VU


L'arnaque au CO 2: incolore, inodore... mais pas indolore !

Monstre engendré par le capitalisme à la sauce verte, le marché européen des droits à polluer cultive surtout l'opacité. Fin décembre 2009, Europol annonçait que les transactions sur les droits d'émission de CO2 avaient fait l'objet, sur un an et demi, d'une fraude à la TVA de 5 milliards d'euros. Installés dans un pays européen, les escrocs achetaient dans un autre des quotas d'émissions, qui étaient ainsi exemptés de TVA. Ils les revendaient ensuite à des entreprises du premier pays, avec TVA, cette fois, qu'ils empochaient au lieu de la reverser au fisc. Mais comment une telle fraude a-t-elle pu prospérer? La Cour des comptes s'interroge notamment sur l'inertie d'un certain nombre d'institutions. Bluenext, le marché parisien du CO2 (filiale à 40 % de la Caisse des dépôts) impassible face au nombre exorbitant de transactions en 2009 - qui a eu l'avantage de faire passer son bénéfice net de 1 million d'euros en 2008 à 15 millions en 2009; Tracfin (la cellule de renseignements du ministère de l'Économie), alertée mi-2008, qui n'a réagi que fin 2009; le ministère des Finances lui-même, qui a mis six mois pour supprimer la TVA sur les transactions, moyen radical pour stopper l'arnaque. Quant à BNP Paribas Fortis, elle se serait retrouvée au cœur d'un réseau - dans lequel on retrouve le courtier français Dubus, toujours inscrit sur la liste des intervenants parisiens - qui a escroqué 72 millions d'euros de TVA à l'État belge. La justice de ce pays pourrait lui reprocher un certain laxisme dans ses contrôles.



INDICATEURS


LE SMIC HORAIRE

9 euros horaire brut 6, 41 euros en 2000 1365 euros smic mensuel brut (35 heures)


LES PLUS GROSSES FORTUNES MONDIALES

7e: Amancia Ortega (Espagne, fondateur de Zara, prêt-à-porter) 22, 9 milliards d'euros, soit 1526666 années de SMIC


LA HAUSSE DES PRIX

+ 0, 8% pour un mois

+ 2% pour 12 mois

Indice INSEE Base 100 en 1998 Mars 2011: 123, 36


DEMANDEURS D'EMPLOI

-0, 1%
4 040 700 au total
2 044 900 femmes
618 000 -de 25 ans

Demandeurs d'emploi de catégories A, B et C (sans emploi du tout ou avec une activité réduite)


23, 051 millions de chômeurs dans l'Union européenne (27 pays).



Le chiffre : +10% pour le marché du jouet

Sur les deux premiers mois de 2011, 1e marché du jouet, estimé à 3 milliards d'euros, a bondi de 10% (+4% sur l'année 2010). C'est l'effet «Silly Bandz»: des petits bracelets de silicone, à forme d'animaux, d'objets ou de lettres, devenus stars des cours de récré. En quatre mois, 1, 9 million de paquets à 3 euros l'un ont été vendus en France. Mode éphémère ? Sans doute, mais les industriels ont prévu la relève: les gommes multicolores venues du Japon.

28 AVRIL AU 4 MAI 2011 • HD ■ 39